L’après covid : et si les pompiers avaient la solution ?

Escrito por: Emelina Corrales

ècrit par: Laurence de Fontaney

Selon certains analystes, la récession qui fera suite au covid risque d’être au minimum cinq fois plus grande que celle de 2009. C’est gigantesque. Quand les entreprises vont entamer des grosses restructurations, elles vont déclencher le cercle vicieux : chômage, faillites, plus de chômage.

Certaines entreprises ont perdu presque toute leur activité dans les deux premières semaines du confinement, sans aucun moyen de s’en remettre avant des mois si ce n’est des années. Pour celles qui ont pu maintenir leur business, il est très probable qu’elles fassent la chasse aux coûts.

Il y a un risque que des groupes veuillent provisionner les coûts en 2020, année qu’ils vont considérer comme une « année blanche » pour les actionnaires. Ils commenceront les restructurations dès que possible pour s’assurer que les coûts soient tous comptabilisés d’ici la fin de l’année.

Si notre société était une forêt et que les entreprises étaient des arbres, nous pourrions voir le Covid19 comme un feu de forêt. L’incendie consume plusieurs niveaux de notre société. Dans un feu de forêt, ces niveaux sont appelés les feux de cime, surface et sol, ce qui se détaille de la manière suivante pour la crise actuelle :

      Feu de cime : la crise sanitaire, le confinement ; les hôpitaux sont proches de la saturation et de larges pans de l’économie sont à l’arrêt. L’effet de cette situation a touché plusieurs autres niveaux de notre société.

      Feu de surface : la crise économique / le chômage : en lien avec la résilience et les capacités d’adaptation des entreprises qui font suite au manque d’activité durant le confinement et à l’activité ralentie pendant le processus de déconfinement.

      Feu de sol : la crise sociale que nous ne voyons pas encore. Elle est générée par le chômage et les difficultés économiques et psychologiques liées au confinement et à l’anxiété générale d’une nouvelle maladie dont nous savons tous qu’elle va désormais faire partie de nos vies.

La manière dont l’incendie peut migrer d’un niveau à l’autre est appelée l’effet d’échelle. Afin d’éviter la migration du feu, il faut créer des barrières, représentées par les mesures prises par les gouvernements, institutions et par les individus. Car notre action individuelle et collective peut déclencher une nouvelle crise sanitaire ou accentuer la crise économique et sociale existante.

Nous devons prendre soin des parties visibles du feu, mais les pompiers savent que le feu de sol (la crise sociale et psychologique dans notre analogie) exige également des mesures précises pour éviter une reprise de feu.

Que pouvons-nous apprendre de la gestion des incendies pour surmonter les crises sanitaire, économique et sociale ?

La gestion des incendies nous apprend qu’il y a différentes actions à prendre à différents moments. L’ordre est aussi important que le moment exact où la mesure est prise. Comme pour les styles de leadership : les styles démocratique et directif sont tous les deux utiles dans le management d’une équipe ; simplement, ils doivent être utilisés chacun au moment précis où la situation le requiert.

Pour les entreprises, passer les étapes de la gestion d’un incendie signifie, dans cet ordre :

  • Faire l’inventaire de la situation : employés, clients, que reste-t-il de l’écosystème, qui peut faire quoi et quand…
  • Se concentrer sur la sécurité pour éviter d’autres dommages. Cela peut aller de l’organisation du télé travail quand c’est possible, la fourniture de masques et autres protections, l’accès informatique à distance, le nettoyage minutieux des bureaux, la vérification des circuits d’air conditionné, ou toute autre action pour sécuriser les personnes. Sur le business lui-même, il peut s’agit d’adapter certains services pour éviter de multiplier les risques.
  • L’identification par sondage concerne les actions à prendre pour éviter une seconde vague qui impacterait les personnes ou le business.
  • Juste après, il est temps de mettre en place un planning pour sauver ce qui peut l’être. Les procédures de chômage partiel doivent en faire partie : qui, combien de temps, combien d’heures ou de jours par semaine…sont des questions cruciales pour sécuriser le business. Il est important de noter que dans certains pays, ces procédures n’existent pas, ce qui met encore plus de pression sur les employés. Concernant les clients, la phase de planning peut comporter l’adaptation des contrats ou services, et prendre toute action qui sécurise l’avenir. Aussi, à ce stade, il y a des aspects financiers qui doivent être réglés : la trésorerie est clé pour l’entreprise et une gestion minutieuse des flux d’argent est indispensable.
  • La suppression ou l’adaptation de certaines activités non nécessaires est aussi comme un réflexe : les conventions et séminaires sont annulés, décalés ou réorganisés sous un autre format. Bien que certaines décisions soient justes pour des raisons sanitaires, elles contribuent à ajouter à la crise économique qui va inévitablement suivre plus vite que prévu.

Tout au long du process de lutte contre l’incendie, d’autres actions sont nécessaires :

  • Sécurité et bien-être concernent la manière dont nous accompagnons les employés tout au long de la crise : en mettant en place ou renforçant une ligne d’écoute disponible 24/24 pour ceux qui se sentent vulnérables. Aussi, en aidant les managers qui gèrent leur équipe à distance ; certains ne sont probablement pas habitués et s’interrogent pour savoir comment s’y prendre. Sur cet aspect, la crise aura un effet positif à long terme, en diminuant les comportements très contrôlant de certains managers.  
  • La communication est clé dans ces moments : régulière, courte, retour au strict minimum en plus de l’essentiel : la sécurité des personnes et les informations de base sur le business. C’est aussi le bon moment pour l’équipe dirigeante de délivrer des messages forts de soutien, montrant ainsi que bien que la situation soit difficile, le capitaine est présent pour rester sur la bonne voie et maintenir les valeurs.  
  • La coopération avec les autorités est cruciale tout au long du process, car les entreprises ont besoin d’envoyer des informations et de recueillir des directives
  • Travailler en équipe est un moyen de regrouper des experts de différents départements et disciplines dans un groupe temporaire, pour régler des problèmes inattendus et identifier les opportunités qui pourraient émerger. C’est aussi un moyen d’utiliser l’ensemble des compétences des employés  et doit être vu comme un travail d’adaptation des équipes.

Pour réussir les étapes ci-dessus, les entreprises doivent recruter des leaders qui ont une vision solide et sont capables de prendre soin des autres et de montrer des valeurs de solidarité, responsabilité et engagement.

 

Pendant le confinement, certains groupes ont fait preuve de sagesse et ont montré la direction (Sodexo, Air Canada, Boeing et d’autres). Leurs CEO et Comités exécutifs ont renoncé à tout ou partie de leur rémunération pour soutenir les plus fragiles de leurs employés, et limiter les conséquences du chômage. Inévitablement, ce type de comportements pendant la crise va voir un impact positif plus tard tant en interne qu’en externe.

 

Ils ont planté des graines d’espoir qui se manifesteront plus tard, exactement comme la nature qui est capable de guérir et trouver de nouvelles façons de générer de nouveaux éco systèmes.